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RENCONTRE AVEC LES HOMMES BLEUS


Le 20.11.23


Le désert est convoité. Chaque année les visiteurs sont de plus en plus nombreux dans le Sahara Marocain. Les conditions extrêmes, tant liées à la chaleur des journées caniculaires qu'au froid des nuits sahariennes, mais aussi les éventuelles tempêtes de sable ou pannes mécaniques, font de cet espace, un environnement aussi magique qu'hostile.



Dunes de Merzouga


SURVIVRE DANS LE DÉSERT (dans un "campement de luxe")...


Notre campement fait face aux dunes orangées, qui ondulent et se déplacent au gré du Chergui, le vent du désert. Au lever du soleil, nous déjeunons devant ce captivant spectacle, pour tout voyageurs en quête de dépaysement.


Jalil nous invite alors à nous préparer, pour partir à la rencontre des nomades, de manière à déguster d'une pizza berbère, cuite au feu de bois, tout en sirotant un thé à la menthe.






Jalil veut tout nous montrer, tout nous faire découvrir pour que nous puissions offrir le meilleur à nos hôtes, que nous accueillerons pour la retraite de février 24...


Pas de temps morts donc. Nous passons d'un site à l'autre, ventre à terre pour découvrir les sites les plus convoités...


Les mines abandonnées


Situées dans le Désert de Hamada, tout près de Merzouga et de Khamlia, le « village noir », ces mines font aujourd’hui encore l’objet d’une exploitation artisanale par des mineurs en quête de quartz et le khôl.


Jusqu’en 1965, ces mines furent exploitées par les Français de manière intensive. De nos jours, une grande partie du site est abandonnée. Des mineurs marocains y travaillent encore tels des titans à extraire principalement le quartz, le khôl et quelques minerais de plomb…

Un paysage surréel en plein désert!


Paysage volcanique, désertique, témoin d’un temps révolu...


Une fois arrivés sur le site lui-même, le panorama se transforme en champ de ruines qui rappel les ambiances post-apocalyptiques de films comme Mad Max.


On remarque toutefois très vite parmi les ruines, grâce à son panneau solaire, qu’une maison est habitée. Installée tout prêt de la petite mosquée qui trône encore dans le village, il s’agit du seul signe de vie perceptible mais aussi de la preuve manifeste qu’une dernière famille nomade vit encore ici.


Ces mineurs acharnés qui, pour 2 dirhams le kilo de minerais extrait, peuvent se partager en gros pour un camion benne-plein, la somme de 1500 à 2500 euros/mois selon les cours. Mais à quel prix d’efforts et de sueur !


Ramasser des fossiles


Lorsque la vie n’existait pas encore sur la terre ferme, la mer couvrait ce qui a laissé place aujourd'hui aux dunes de sable. Ainsi, il y a 370 millions d’années, la profondeur de la mer diminua et quelques zones émergèrent, comme c’est le cas du Tafilalet.


Dans les endroits les moins profonds, une lente sédimentation permit à un grand nombre de céphalopodes de rester ensevelis.


Les boues calcaires chargées d’oxydes de fer, ont donné une couleur noire aux fossiles.


Dès leur plus jeune âge, les enfants alentours pêchent dans le sable des pierres aux formes étranges et aux noms  scientifiques: céphalopodes, gonatites, trilobittes….




En chemin, nous improvisons quelques pas de danse au son du blues du désert. Juste suivre l'appel de célébration de la vie.

Être vivant, c'est toujours ça de pris...



Khamlia, le village Gnawa


Établi à 7 kilomètres de Merzouga, le village de Khamlia est un lieu insolite qui témoigne des traces indélébiles du commerce transsaharien, dans l’histoire du Maroc.

Également surnommé « village noir », il héberge des « Bambaras », population aussi connu sous la dénomination de Gnawa, qui sont des descendants des esclaves d’Afrique noire.


Les « Pigeons des Sables », accompagnés de leurs tambours, guembris et qaraqebs, nous convient à la découverte de la musique saharienne. Selon les Bambaras, leur musique aurait des vertus thérapeutiques, conduisant à la transe, les plus curieux qui oseraient s'y abandonner.


Ces Gnaouis locaux, chantent le « Koyo », les souvenirs du temps passé et leurs différentes péripéties, légendes... Mais ils chantent aussi les vibrations du temps présent, ou à venir.

Dans cette région du Maroc, ces Bambaras descendent bien souvent du Sahel, venus depuis des siècles dans le pays et ce à travers le commerce transsaharien ..


Un petit avant - goût de culture africaine, aux portes du désert... avant le grand saut que constitue sa traversée.


De retour au campement, nous participons à un atelier cuisine avec Mejouba, cuisinière du camp. Sandra ayant de plus grande aptitudes que moi en matière culinaire se lance dans la confection d'une pizza et d'un tagine de bœuf, sous la guidance de Mejouba, alors que je découpe patiemment les différents ingrédients, avant de les jeter dans le plat de terre.


Nous clôturons cette intense journée par une soirée gnawa au coin du feu, avec l'équipe du camp. Africa!








L'HISTOIRE DU COMMERCE TRANSSAHARIEN...


Gigantesque barrière entre les hommes du nord et du sud du continent africain, le Sahara a donné lieu dès le IXe siècle aux origines du tout premier commerce transsaharien. Ce commerce caravanier et chamelier a été pratiqué essentiellement entre le XIIIe et le XVIe siècle, de la Méditerranée aux terres subsahariennes.


Un commerce diversifié


Dès IXe siècle, les Grecs et les Phéniciens, puis les Carthaginois et Romains, ont été les premiers à commercer avec l’Afrique Centrale depuis les rives méditerranéennes. Ce commerce concernait alors l’ivoire, les plumes d’autruche et surtout... les esclaves!


Dès le Moyen-âge, les Berbères du Nord de l’Afrique, se spécialisent dans le commerce, alors que d’autres nomades des régions du sud se tournent, vers l’élevage de dromadaires… 

Les marchandises échangées sont l’ambre, la gomme arabique, les peaux, fournies par les peuples du Sud, ainsi que les bijoux, le tissu, les dattes, le blé, parles peuples du Nord. Mais les plus importantes transactions concernaient l’or, le sel, et les esclaves.


Au Maroc, le centre incontesté du commerce transsaharien était la ville de Sidjilmassa. Plaque tournante du commerce transsaharien, la ville était un point de rencontre entre "l’Afrique Noire" et "l’Afrique Blanche", fréquentée par les négociants des principales villes du Maghreb. Véritable carrefour logistique, elle se trouvait à mi-chemin entre la ville tunisienne de Kairouan et la Aoudaghost en Mauritanie.

Une impressionnante organisation sociale et commerciale!


Pour les très voyages longs, préparés longuement à l’avance, les marchands se regroupaient. Ainsi, certaines caravanes pouvaient compter plusieurs milliers de dromadaires. Cela évitait les attaques tant redoutées des pillards…


Commerçants du Nord ou du Sud, de l’Est et de l’Ouest, tous y prospéraient aisément. Tombouctou était le pôle commercial majeur, la ville fut prise par les Marocains en 1591.


Le 21.11.23

 

4 jours. 4 jours que nous sommes au Maroc.

4 jours pour lâcher les égrégores de l'agitation occidentale.

Après avoir été éprouvées physiquement, dans nos muscles et nos ventres, après avoir pleuré de tourments ou de joie, nous voici enfin prêtes à habiter le présent.

 

Pourtant, il est déjà venu le temps de reprendre la route du retour, après ces 2 jours dans le désert.

De quitter le campement et ses habitants, pour se hisser dans le pick-up qui nous ramènera vers notre carlingue d'acier.


Peu après Rissani, nous empruntons une piste... C'est dans ces moments-là qu'avoir un 4x4 est de la haute importance!


La route est très peu fréquentée et constitue une succession de plaines désertiques. Au cœur de cette plaine aride, nous découvrons au loin le célèbre Fort Portugais, étape recommandée pour les amoureux des déserts rocheux.


La Gara de Medouar ou la prison portugaise, est une montagne isolée sur une grande plaine presque en forme de U. Ce lieu fut une scène de tournage de plusieurs films, dont la Momie.


Le nom de prison portugaise est mystérieux car ce lieu n'a jamais été une prison et encore moins portugaise. Cet endroit en forme de U servi de barrage aquifère naturel pour les habitants de la région, qui construisirent un mur de 2 mètres de large et 6 mètres de haut, permettant ainsi de stocker l'eau de pluie. Le mur central a été construit au 19ème siècle par des esclaves noirs venus d’Afrique subsaharienne. Ils furent ensuite vendus au Portugal, d’où le nom sans doute de "prison portugaise".



La vallée du Draa


Nous prenons alors la direction de la vallée du Draa. La route, jalonnée d’anciennes étapes caravanières telles que Zagora, puis Agdz, est une nouvelle occasion de voir le paysage se transformer, au fil de notre avancée vers notre prochain le Nord.


La vallée du Draa étire son long ruban d’oasis. Elle fait un pied de nez au désert, l’eau de l’oued Draâ, permettant d’irriguer de palmeraies luxuriantes.


Peuplée depuis la Préhistoire, la vallée du Draa a connu un véritable essor dès la fin du XVIème siècle grâce au commerce transsaharien de l’or, du sel et des épices. Vallée prospère et fertile elle fut aussi une terre de conquêtes et de conflits comme en témoignent les nombreux villages fortifiés (ksour) qui parsèment les palmeraies.


Nous reprenons la route pour Zagora, où nous attend la famille de Jalil pour le souper.


Zagora


Zagora, quand à elle, est située dans la Vallée du Draa, à 160 km au Sud de Ouarzazate, à 700m d’altitude. C’est depuis l’oasis de Zagora au XVIe siècle que les Saadiens conquirent le Souss, puis tout le Maroc. Zagora fut aussi un centre caravanier important. À l’extrémité sud de la ville bâtie par les militaires français sous le protectorat, se trouve le célèbre panneau annonçant la route de Tombouctou.


Au carrefour entre Ouarzazate au Nord, Tata et Tafraoute à l’Ouest, Erfoud et Merzouga à l’Est et M’Hamid et les grands ergs au Sud, Zagora constitue une étape idéale pour découvrir le désert marocain...


UN AIR DE FAMILLE...

 

Les sœurs de Jalil nous ont préparé un couscous, que nous mangeons à terre, autour d'une table basse.


Nous rencontrons la Maman de Jalil, alors qu'elle profite de la fraîcheur du soir assise sur une natte devant la maison. Une femme solide d'un âge incertain nous accueille d'un large sourire. Ses mains sont couvertes de henné.

 

Jalil a 3 sœurs et 4 frères.  La plupart sont mariés. L'une de de ses sœurs a été mariée 3 fois. Elle est divorcé à ce jour. Lorsque je demande à Jalil ce qui fait qu'elle a divorcé, il me dit dit qu'il n'a pas demandé,  par pudeur sans doute.

Car ici, on ne parle pas ou peu de ce que l'on ressent et on respecte le jardin secret de chacun...

 

Jalil nous avoue qu'il ne connaît pas le nom de tous les enfants de ses frères et sœurs...

Pourquoi?

Parce qu'ils sont trop nombreux!

Nous rentrons au riad, à pied, éclairés par la lumière de nos téléphones, rasant les murs de la Palmeraie, pour ne pas chuter dans le petit ru qui occupe la moitié de la chaussée. 

 

Pour la première fois aujourd’hui, et ce depuis bien longtemps, je me sens riche, le cœur remplie d’amour et de gratitude, prête à suivre les méandres de la vie !




Merci à @Mag from Moonlight pour ces magnifiques photos...


Mag qui, quand elle ne se cache pas derrière son appareil photo, se cache derrière un voile rouge! (lol)




Alors merci, merci, merci mes amis d'être dans ma vie...



Et merci à Sandra, mon amie, ma collègue, ma compagne de voyage!

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