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NOUVELLES DU PAYS DU "NANUS HORTORUM VULGARIS"...




SCUOL – GUARDA (J4)

17,5 km – 722 m de dénivelé positif - 319 m de dénivelé négatif


Le 08.06.2021

Je quitte donc mon B’n’B très « Art Contemporain Berlinois » (mes hôtes sont binationaux et férus d’art), pour rejoindre Scuol en bus et reprendre la Via San Giachen (l'un des chemins suisses qui mène à Compostelle).

Mais cette journée peine à démarrer…

1h pour trouver mon chemin et quitter cette ville. Et je ne sais pas quoi faire de mes mains ! Damned, je réalise que j’ai oublié mes bâtons!

Que faire ?


LE TEMPS C’EST DE L’ARGENT !

J’ai donc à nouveau 2 options.

Retourner d’où je viens (à savoir reprendre le bus, 1 bus par heure) et faire un aller-retour.

Ou acheter une nouvelle paire de bâtons et poursuivre mon chemin…

A nouveau, la pluie est annoncée pour 14h, j’ai 5h de marche jusqu’à Guarda et revenir sur mes pas signifie me faire rincer en fin de parcours !


J’entre alors dans le premier magasin de sport et achète la paire la moins chère. Et me voilà repartie, bâtons rouges flambants neufs au poings.

Comme dit précédemment, tout a un coût ! et « on ne paie jamais trop cher une bonne leçon ».


SCUOL – FTAN - ARDEZ

Je poursuis donc ma route sur le versant ensoleillé de la Basse-Engadine. Je traverse tout d’abord Ftan et ses vieilles maisons grisonnes, magnifiquement rénovées. Puis je franchis le ruisseau Tasman jusqu’à Ardez. Au loin, j’aperçois le château surplombant le village, de son rocher. Mon auberge du jour est la dernière maison du hameau.

Je suis accueillie par Marianna, charmante paysanne, qui tient une auberge familiale, l’Usteria La Stalla.


Elle me mène au fond de la propriété. Je salue avec grâce chèvres, alpagas, moutons…

Marianna m’invite à m’installer dans un petit nid… un abri de jardin, « très cosy », jouxtant la fosse à purin. Ce soir « j’irais dormir chez vous » dans une famille rurale engadinoise !


L’ENFER EST PAVE DE BONNES INTENTION

A l’arrivée à Ardez, un troupeau de génisses, toujours si curieuses, me suivent du regard. Je m’approche. Certaines sont effrayées, mais l’une d’entre elle s’enhardit et fait quelques pas vers la clôture. Je tends le bras et commence à la caresser comme un chat, la frottant sous le menton… Les autres suivent le mouvement, jusqu’à ce que la mâchoire inférieure de ma petite protégée touche le fil. J’entends un bruit strident. Bichette, la pauvresse fait un bond puis s’écarte. Sa témérité a été sanctionnée. Elle en gardera un douloureux souvenir de sa rencontre avec un bipède !


BOS CHA – GUARDA


Le temps est encore plaisant. Je choisis de poursuivre jusqu’à Guarda et de rentrer en train jusqu’à Ardez. Ce sera cela de gagner pour demain !

Le soleil filtre à travers les nuages…

Il est 15h lorsque je découvre Wish, installation artistique au milieu d’un champ. Un drakkar viking flottant dans les airs. Lorsque je m’avance vers l’œuvre, j’entends une douce musique classique. Étonnant !

Guarda, se situe en haut de la vallée (1653m). Ses 190 habitants parlent romanche. Avec ses maisons richement décorées et magnifiquement entretenues, Guarda est un havre de paix, berceau de Ursli, le malheureux bambin privé de cloche pour pouvoir participer à la procession de Chalandamarz, afin d’éloigner les mauvais esprits de l’hiver.


A mon arrivée au village, un vieux monsieur m’invite à m’asseoir à ses cotés. J’accepte son invitation et m’installe sur son banc. Il me sourit et me caresse le bras, avant que son regard glisse dans l’échancrure de mon t-shirt. Je comprends qu’il fait une allusion à mon maigre balcon. Je sourit jaune, me lève et prends congé. Évidemment, jamais un Suisse ne se serait permis telle indélicatesse, hormis un vieillard atteint d’une démence frontale !


Pour me remettre de mes émotions, je savoure une panna cota aux baies rouges.


« LES SEULES VRAIES ERREURS SONT CELLES QUE NOUS COMMETTONS A REPETITION. LES AUTRES SONT DES OCCASIONS D’APPRENTISSAGE », Dallai Lama.

A croire que je n’ai pas compris la leçon d’hier… Je dois rejoindre la gare de Guarda qui est à 30 minutes à pied en suivant la route. Mais je décide de prendre le sentier pour contourner les lacets qui serpentent jusqu’au village. Il pleut. J’avance à grand pas, cape de pluie au vent. Les gouttes maculent mes lunettes et la visibilité est mauvaise. Je suis les 3 bandes… jusqu’à ce que le sentier se perde dans les champs. Je suis dans un parc à mouton, fouettée par l’averse, sur un terrain abrupt. J’aperçois la route au loin et je sais la gare en contre-bas. Je remercie le Ciel d’avoir mes bâtons en main. J’avance timidement, posant avec précaution chacun de mes pas, craignant de glisser sur les pierres grasses. Le sol se dérobe parfois sous mes pieds. Mon souffle est court. Impression de flirter avec la survie. Je dois rejoindre la route saine et sauve.

Étrange comme les priorités s’inversent soudainement. Un train passe ! Peut-être le mien ! Tant pis, je prendrais le suivant.

Pas après pas, je me rapproche de l’issue, badinant entre épouvante et espoir.

Il est 17h. Je rejoints la gare. 2 minutes plus tard, le train siffle son entrée dans la station. Ouf !


RANCH-TROTTER


Ce soir, c’est soirée à la ferme. Yodel et Ländler en fond musical.

Un groupe d’une huitaine de moujiks n’hésitent pas à lever le coude pour diluer leur journée laborieuse. Je les observe de loin, amusée. Pas besoin de FB ou de Netflix. Ici, on rit encore à la veillée en échangeant autour d’une gnôle locale (Mungge Furz ou "crotte de marmotte" pour les non-romanches) ou d’une petite mousse.

« Cullas da Vna » sous la dent (boulette de pomme de terre frite… si tu survis à cela, tu peux affronter toutes les tribulations alimentaires !). Heureusement, le sourire de Marianna me fait oublier le reste… Malgré la barrière de la langue, c’est sans doute la plus chaleureuse soirée depuis que j’ai débuté ce périple.


LA NANOLOGIE, C’EST QUOI AU JUSTE ?

Saviez-vous qu’il existe un Institut International de Nanologie ? La Nanologie est la science dont l’objet d’étude est… le nain de jardin, ou « Nanus Hortorum Vulgaris » pour les initiés. Dans les années 80, cette institution avait même un président, Fritz Friedmann.


Sachez que certains Suisses vouent un véritable culte aux nains de jardin. Selon F.F., « le nain est surtout joli, gentil et de bon caractère… La Suisse était autrefois un pays plutôt féroce et on croyait aux signes de la nature, aux fées, aux bons et aux mauvais esprits… Ainsi, les Suisses aiment s’entourer de ce qui leur donne de la sympathie... »

En effet, le nain, issu du folklore datant du XVIIème siècle, connait un regain d’intérêt à la fin du XXème siècle car ils sont symboles de sagesse et de succès. L’Allemagne est la patrie des Nains de Jardins, comptant 28 millions de nains sur son territoire, mais les Suisses ne sont pas en reste…


Ainsi, dans les années 90’s, est né en France, une organisation secrète, le FLNJ, à savoir le Front de Libération des Nains de Jardin. Il en existe 5 groupes en Suisse. Ce réseau de groupes informels a pour objectif de « rendre la liberté aux nains de jardin » en les transportant depuis les jardins de leurs propriétaires vers des lieux où ils sont considérés comme libres, dans des forêts par exemple…

Et de citer Benjamin, ex-membre actif du FLNJ : « Nous avions une dent contre le mauvais goût et contre les choses que l’on considérait comme beauf. Le nain de jardin, c’était un peu l’emblème de ce conformisme, qu’on essayait de fuir. »


J’avoue, je n’ai pas compté le nombre de nains croisés sur ma route, mais je vous assure que ce n’est pas un peuple en voie d’extinction !!!




Et toi, es-tu nanologue?

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