LES RELATIONS PARENTS - ENFANTS: MIROIR DU MILIEU DE VIE...
- Emilie Perrollaz
- 8 nov.
- 5 min de lecture

La transition du milieu de la vie est, par essence, une rencontre avec l’intime.C’est une période où l’on se regarde dans le miroir de ses liens, et où chaque reflet — enfant, parent, partenaire — raconte quelque chose de nous. L’être humain se construit en relation, et c’est souvent dans la friction avec les autres que s’ouvre la porte de notre évolution intérieure.

L'ADOLESCENCE : QUAND LA MUTATION DES PARENTS CROISE CELLE DES ENFANTS
L’adolescence, ce grand théâtre où chacun cherche sa place !
Alors, quand les enfants entrent dans cette tempête hormonale et cet élan d’émancipation, les parents sont eux aussi en pleine métamorphose... Ils se questionnent sur ce qu'ils ont construit, ce qu'ils ont laissé de coté, voire carrément ignorer.
Parfois, les parents se reconnaissent dans leurs ados rebelles ou au contraire, ont de la peine à lâcher la bride...
Leur milieu de vie coïncide souvent avec cette période :
Les pères se comparent à leurs fils qui gagnent en force et en assurance.
Les mères voient leurs filles s’épanouir et, parfois, une douce (ou pas si douce) rivalité se glisse dans le décor.
Alors, on se met à courir, à faire du yoga, à changer de coupe de cheveux, à tenter de rester « jeune »… pendant que nos enfants, avec leur franchise désarmante, nous renvoient nos contradictions.Pas étonnant que cette période soit parfois aussi orageuse que féconde.

QUAND LES ENFANTS QUITTENT LA MAISON: LE SYNDROME DU NID VIDE
Et puis un jour, la maison se vide.Les bruits familiers disparaissent, et l’écho d’une chambre déserte, nous rappelle que le temps a passé.
Ce fameux syndrome du nid vide n’est pas qu’une légende : il bouscule le cœur, surtout quand une part de notre identité s’était tissée autour du rôle de parent.Certaines mères, particulièrement celles déjà fragilisées avant le départ de leur progéniture, en souffrent plus intensément encore.
Mais aimer, c’est aussi laisser partir.Le plus grand fardeau qu’un enfant puisse porter, disait Jung, est la vie non vécue de ses parents.Alors, laissons nos enfants voler — et reprenons nous aussi notre envol intérieur.
Pour rappel, je ne peux m’empêcher de vous partager ici le texte de Khalil Gibran, dans Le Prophète: Vos enfants.
"Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous,
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour, mais non vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez abriter leurs corps, mais non leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain,
que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière
ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants,
comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le sentier de l'infini,
et Il vous tend de Sa puissance afin que Ses flèches
puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie ;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole,
Il aime aussi l'arc qui est stable."

SE RÉCONCILIER AVEC SES PARENTS: FAIRE LA PAIX AVEC L'ENFANT QU'ON A ÉTÉ
À mesure que nous avançons, notre regard se tourne parfois vers ce que l'on a laissé derrière soi.Nos parents deviennent vieux, parfois fragiles, et en eux nous voyons l’enfant que nous étions — avec nos blessures, nos loyautés, nos rêves tus.
Nous portons, souvent sans le savoir, l’inconscient de nos parents :leurs peurs, leurs limitations, leurs désirs inachevés.Ce qui n’a pas été vécu par eux, cherche parfois à s’accomplir à travers nous.
Vient alors un moment précieux : celui de reprendre les rênes.
L'occasion de se demander :
M'arrive-t-il de penser comme eux, par habitude plus que par conviction ?
Ai-je le même rapport à l’argent, à la réussite, à l’amour, au corps ?
Mes choix sont-ils vraiment les miens ?
Étape essentielle de cette crise de milieu de vie, devenir conscient de ce qu’on répète, permet enfin de choisir ce que nous souhaitons incarner.

DEVENIR LE PARENT DE SES PARENTS
La vie, dans son ironie tendre, finit souvent par inverser les rôles.Nous voilà à prendre soin de ceux qui ont pris soin de nous.
Entre les adolescents à guider et les parents à accompagner, la fameuse « génération sandwich » tente de respirer entre deux tranches de responsabilités. Et il ne faut pas oublier : on ne peut bien s’occuper des autres que si l’on s’accorde soi-même un peu de tendresse et d’espace.
LA LOURDE TACHE DE LA GENERATION SANDWICH...
Les adultes d’aujourd’hui, entre 30 et 65 ans, sont amenés à s'occuper de 2 voire 3 générations !
Comment faire cohabiter hyper-individualisme et aide aux proches (car certains d'entre nous soutiennent leurs ainés au niveau financier mais aussi en apportant présence et soins)?
En effet, avec l'allongement de la durée de vie, 1 génération / 4 cotise au système social dans une même famille.
Le développement des soins à domicile maintient certains patients âgés à la maison et met une pression sur l'entourage, de plus en plus sollicité.
LE SAVIEZ-VOUS ?
38% des 45-54 ans sont proches aidants en CH. C'est plus que pour n'importe autre quelle tranche d'age.
Il y a 2 fois plus de risque de dépression (selon une étude en GB), pour les personnes en milieu de vie (que les 65-74 ans ou les moins de 25 ans).
Pèsent sur les actifs :
🔸 La charge financière des enfants (aux études)
🔸 Le stress économique (certaines familles ont le rôle "d'amortisseur social", car elles envoient de l'argent à l'étranger)
🔸 L'augmentation des distances entre maison - travail - domicile des parents
🔸 Les pressions professionnelles (et exigences de l'employeur).
Les semaines flirtent parfois avec les 72h, ce qui est générateur de stress et d’épuisement.
Si Homo Oeconomicus a voulu évacuer la relation, la vulnérabilité et la dépendance de l'Homme en tant que sujet, nous voici plus que jamais confronté au fait que nous sommes interdépendants.
Et les mâles alphas, qui jusqu'il y a peu, reléguaient les taches de soutien et d'aide aux femmes, sont à ce jour, tout aussi impliqués.
Comment ma génération et les suivantes vont-elles faire face à ces nombreuses pressions et cette implication attendue auprès de nos parents vieillissants ?

PERDRE UN PARENTS: UNE INITIATION SILENCIEUSE
Perdre un parent, c’est perdre nos repère.C’est aussi voir, soudain, la vie autrement — car derrière eux, se dressait un autre rempart... notre propre finitude.
Parler de la mort n’est pas morbide.Ce qui l’est, c’est de faire semblant qu’elle n’existe pas.
Car nier la mort, c’est nier la vie — et se priver de la beauté du présent.
La disparition d’un parent nous confronte à l’essentiel... N'oublions jamais que notre temps est compté. Et comme le murmurent les philosophes depuis l’aube des temps :
Vis ta vie. Connais-toi toi-même. Choisis ce qui a du sens. Ne gaspille pas le peu de jours qui t’appartiennent.
Souvent, les relations familiales à la mi-vie sont à la fois des blessures qui se rouvrent et des portes qui s’ouvrent.Elles nous rappellent que grandir ne s’arrête jamais, et qu’aimer, c’est apprendre sans cesse à laisser être.




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