Actuellement, je lis l'ouvrage du psychiatre américain et spécialiste du syndrome post-traumatique (PTSD), Bessel van der Kolk.
Un livre passionnant, que je vous invite à découvrir...
En effet, le trauma fait parti de la vie, qu'il s'agisse des conséquences d'un évènement qui sort des conditions humaines ordinaires (guerre) ou d'un évènement plus coutumier tel que les violences domestiques (qui se sont avérées être surreprésentées dans le contexte du confinement).
Pour se construire de manière harmonieuse, un enfant a besoin de se sentir en sécurité et de sentir que ses figures d'attachement sont hors de danger. Cette absence de sécurité peut ainsi avoir un impact tant psychique que physiologique... le corps étant l'inconscient charnel, le réceptacle mémoriel de l’évènement douloureux. Cette atteinte faite au corps rend la régulation émotionnelle chez les sujets souffrant d'un PTSD moins efficiente.
LE TROUBLE TRAUMATIQUE DE DEVELOPPEMENT
Selon Dr BVDK, les sévices infantiles (physiques ou psychiques) ont un impact négatif durable sur le développement cérébral de l'enfant ou de l'adolescent (dérégulation émotionnelle, trouble de la concentration, profond déficit du sentiment d'identité, d'estime de soi...).
Ainsi, il est essentiel de prendre conscience que la psychiatrie relève de choix politiques...
Pour exemple, les pays nordiques ont fait le choix d'investir dans le soutien social (système de santé universel, congé parental rémunéré pour les 2 parents, programme d'aide à l'enfance...) et ils ont un taux d'incarcération de 71/100 000 aux Pays Bas ou en Norvège, contre 781/100 000 aux US.
Idem pour le taux de criminalité et le cout des soins...
Au contraire, les US dépensent 84 Mrd de $ pour leur système de carcéral alors que les pays d'Europe du Nord, une fraction de ce montant.
Toujours selon Dr BVDK, 70 % des prisonniers de Californie ont été placés pendant leur enfance...
Cela laisse à réfléchir...
LE CORPS, AUTRE LANGAGE EN THERAPIE
Le Dr Van Der Kolk nous révèle comment le corps peut s'avérer être un puissant tuteur de résilience dans le processus de guérison des personnes traumatisées...
Il propose ainsi une approche thérapeutique basée sur l'accompagnement psychologique mais aussi corporel par le biais de la danse, du yoga, le théâtre...
Actuellement, dans mon unité psychiatrique, nous avons plusieurs patients qui bénéficient d'une approche corporelle (approche encouragée par la Fondation selon les indications cliniques), soit sous forme d'atelier de conscience corporelle, du NADA (Nationnal Accuponcture Detox Association), de la relaxation...
Je cite ici Stephen Cope (psychothérapeute et enseignant de Yoga): " Quand on commence à ré-éprouver un lien viscéral avec les besoins de son corps, on découvre une toute nouvelle capacité à s'aimer chaleureusement. Cette plus grande prévenance envers-soi-même se fait spontanément et donne un plaisir intrinsèque, immédiat à prendre soin de soi."
Suite au choc inéluctable, qu'ont vécu certains patients, les séquelles sont nombreuses, notamment au niveau de l'amygdale, qui envoie sans cesse des "signaux de danger" même lorsque le danger est absent.
Selon Von Der Kolk (BVDK), au moins la moitié des traumatisés tentent d’anesthésier leur monde intérieur avec de l'alcool ou de la drogue.
Utiliser le corps comme média de résilience permet, entre autre, de :
-sortir de l'engourdissement intérieur
-réguler souffle et tensions musculaires
-cultiver l'intéroception et la conscience de soi...
C'est la raison pour laquelle, l'introduction des approches corporelles est si importante en thérapie. Lorsque les mots ne sortent pas, lorsque l'émotion est bloquée, je n'hésite pas à avoir recours au corps pour apaiser, accueillir, soutenir, être en lien...
Pour en savoir plus...
"Le corps n'oublie rien" de B. Van Der Kolk
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