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LA VIE C'EST MAINTENANT!

Photo du rédacteur: Emilie PerrollazEmilie Perrollaz

Ça y est. Cette année 2025, j'aurais 49 ans.

49 ans, c’est presque la moitié d’une vie !

Et peut-être même plus !

Suis-je le fruit de mes réussites ou de mes échecs ? ou un peu des deux ?

Qu’est-ce que je me souhaite pour les 50 prochaines années ?


49 ans !

Et pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi vivante.

Aussi présente à moi-même.

Aussi habitée par le désir de profiter de chaque instant.


Mais tout cela est possible car j'ai traversé cette "crise".

Mais quelle crise?

La crise du milieu de vie... "middlelife crisis" pour les anglophones...


LA CRISE DE MILIEU DE VIE, DE QUOI PARLE-T-ON?


La crise du milieu de la vie émerge lors d’une prise de conscience de notre finitude, se traduisant par un sentiment d’urgence, de confusion parfois, face à la conscience d’un temps désormais compté.

Mais ne parlons pas de crise (trop anxiogène), parlons plutôt de processus de croissance, de transition de milieu de vie... Bref, d'une nouvelle étape dans notre processus évolutif.


Le processus d’individuation


Rappelez-vous, en janvier 23, je vous parlais déjà de cette "crise du milieu de vie". Pour vous dire, voilà un moment que le sujet me turlupine!


Première étape : la phase d’accommodation


Durant la première partie de notre existence, nous sommes très fortement impliqués dans un processus, qui consiste à devenir "ce que nous croyons devoir être" pour exister aux yeux d’autrui.

En d'autres termes, l'idée n'est pas de s'aimer, mais de se faire aimer pour se faire accepter.


Vers un mode intérieur :

Jusque-là, nous nous sommes construits sur un "mode extérieur", à savoir, tourné vers le monde et en quête de son approbation.

En réponse à cela, une tension qui peut sembler contraire, commence à se faire sentir, comme un mouvement vers plus d’intériorité, d’intimité, d’authenticité.


Lorsque nous abordons le "milieu de notre vie", nous prenons conscience d’un décalage entre ce que nous percevons de nous-même et le(s) rôle(s) au(x)quel(s) nous nous sommes si fortement identifiés depuis des années.

La construction de notre personnalité sociale n’est pas sans conséquence sur notre vie psychique. En effet, pour répondre aux injonctions et aux sollicitations de notre environnement, à nos besoins d’amour et de reconnaissance, nous sélectionnons certains aspects de notre intériorité.


Ainsi, notre environnement familial a donc un impact déterminant sur les « choix » que nous faisons consciemment et inconsciemment. Nous sélectionnons certains comportements, habitudes, visions et tradition issus de notre famille d’origine, sans même avoir conscience qu’il s’agit de « choix ».


Toute personnalité a une face cachée :

Chaque individu possède une part cachée, constituée d’aspects de soi refoulés au cours de la première moitié de la vie. Ces éléments incluent des pulsions destructrices, agressives ou égoïstes, comme la violence, la jalousie ou l’envie, qui ont été écartées pour permettre une adaptation sociale.

Mais en plus de ces aspects négatifs, des qualités positives, des rêves et des talents non développés ont également été mis de côté. Ce potentiel inexploré, bien qu’en sommeil dans l’inconscient, continue d’exister et cherche à se manifester, surtout à la moitié de la vie, où il devient plus perceptible.

C’est ce que Carl G. Jung appelle « ombre », là où sommeillent des trésors de sensibilité, de créativité et d’intelligence.


Deuxième étape : la prise de conscience


L’entrée dans la transition du milieu de la vie commence par un constat : quelque chose grippe la manière de mener notre existence.

Nous ressentons comme un blocage, une frustration sourde.

Cette étape décisive surgit alors que nous commençons à nous interroger sur la pertinence de ce "personnage" qui tient les rênes de notre existence depuis si longtemps.

Et ce personnage, que l'on pourrait nommer le Mental, a été bien souvent formaté par notre éducation familiale, sociétale, culturelle...

Nous nous demandons qui se cache derrière ce masque : nous reflète-t-il vraiment ?

Connaissez-vous la métaphore de la calèche selon la Bhagavad-gītā?


Troisième étape : le face-à-face


Cette étape est un temps de confrontation à ce qui s’élève en soi. C’est un temps de doute, d’incertitudes et d’interrogations qui restent sans réponses.

Autant vous dire que ce n'est pas l'étape la plus confortable!


Le saviez-vous?

Peu importe les influences extérieures, la probabilité de survenue d’une dépression atteint un pic à 44 ans. Je préfère au mot dépression, celui de "ré-évaluation".

Ainsi, la vie humaine serait schématisée par un U : la première pointe correspond à la jeunesse, le creux de la vague au milieu de la vie et la branche ascendante est ce qui survient après 50 ans. De fait, le milieu de la vie peut être considéré comme une période de plus grande fragilité.

Mais l'inconfort transcendé, nous pouvons rebondir et nous réapproprier les rênes de notre existence!


Comme un deuil :

Comme nous avons dû mourir à nous-mêmes, lorsque nous étions enfants, pour devenir adolescents, nous devons aujourd’hui mourir à la personne que nous avons été : ce qui meurt est cette partie de nous, si puissamment identifiée au personnage que nous nous sommes construits jusque-là.

Nous sommes affectés par cette « perte », car nous croyons tellement à ce personnage que ce processus d’évaluation est ressenti comme une destruction d’une partie de notre identité.

Cette mort va rendre possible le déploiement d’autres dimensions de notre être. Ce qui nous déprime lors de cette transition, est moins le deuil de notre jeunesse, que celui de la personne que nous avons cru être.


Une zone de turbulence :

À ce stade du processus s’observe un double mouvement : notre personnage d’autrefois se fissure et notre personnalité cachée se manifeste plus explicitement, nous laissant à découvrir deux versants, un positif et un négatif.

Quand cette part de nous émerge, tout a tendance à remonter à la surface. Il est donc important de ne pas se laisser emporter par cette lame de fond.


L'émergence anarchique du refoulé peut s'avérer particulièrement confrontante, alors que, depuis quelques temps, nous avions choisi d’ignorer les questions pressantes qui s’imposaient à nous :

« suis-je la personne que je crois être ? Ne suis-je pas en train de me mentir à moi-même quand je dis que tout va bien dans ma vie ? N’y a-t-il pas de la violence en moi ? ».


Ces évènements survenant au milieu de la vie, révèlent le processus d’individuation sous-jacent.

L’objectif de ce dit-processus n’est donc pas de nous soustraire totalement à nos identifications. Il vise à les moduler et à les rendre plus souples pour tendre vers plus d’authenticité et d’intégrité envers nous-même.

Plus nous abordons en conscience notre processus d’individuation, moins nous nous exposons à un débordement chaotique de nos aspects négatifs ou destructeurs.


Quatrième étape : le début de l’intégration


S’ajuster à soi-même :

Les ajustements vont progressivement dans le sens d’une plus grande cohérence avec nous-même.

La quatrième étape est marquée par le désir de ne plus nous trahir ou de ne plus nous abandonner comme nous avons pu le faire par le passé, afin d’obtenir l’approbation d’autrui.

C’est aussi un temps où nous avons l’opportunité de devenir plus conscient de ce qui a été non vécu, non choisi dans notre histoire.

Dans une vie humaine, tout ne peut pas être vécu, mais, à ce stade de l’existence, nous avons plus de latitude pour choisir ce que nous avons laissé de côté autrefois.

Nous acceptons plus facilement de renoncer, en connaissance de cause, à ce que nous ne pourrons jamais expérimenter dans notre vie.

Pour ma part, j'ai pour exemple, dû renoncer à la maternité.


Le processus d’individuation invite à cette démarche d’intégration de ce qui est et de ce qui ne peut être changé. C’est également un deuil, mais plus serein. Ce n’est peut-être qu’à ce moment-là que s’éliminent définitivement en nous des frustrations qui trainaient dans notre cœur depuis des années.


Si ce temps porte un potentiel d’intégration et de transformation positive, il peut aussi être un temps de difficultés croissantes. Il ne faut pas oublier que notre "personna" (terme jungien) se fissure et que ce que nous avions occulté de nous même émerge.


Cinquième étape : l’individuation


Cette étape consiste à devenir un individu complet, plein et entier, ayant une connaissance plus claire de lui-même dans ses multiples facettes, ayant reconnu les aspects sombres et négatifs qui se cachaient en lui, en accueillant du même coup les aspects positifs et le non choisi, le non-vécu de son existence.


Tout ce que nous avons « choisi » est devenu notre pôle prédominant (conscient), alors que le « non choisi » constitue automatiquement le pôle inconscient de notre être. Nous sommes donc structurellement doubles.


C’est le conflit entre ces opposés qui nous offre une opportunité de créer une nouvelle identité, une identité qui peut intégrer les aspects de nous-mêmes qui ont été réprimés et non vécus durant la première moitié de la vie.


Trouver un équilibre entre les forces opposées :

L’enjeu est de développer plus de nuances dans notre façon de penser et d’être, en y introduisant plus de souplesse, plus de flexibilité, laissant de côté les aspects trop rigides ou trop tyranniques de notre personnalité d’autrefois.

Avec l’âge, nous gagnons en souplesse dans notre façon de nous percevoir et de percevoir le monde. C’est peut-être ce regard souple et distancé qu’on appelle la « maturité ».


Le sens ultime du processus d’individuation :

Le soi est notre essence, ce que nous sommes fondamentalement en tant qu’êtres doués de conscience. Il s’agit d’une dimension intérieure présente en nous depuis toujours, reliant chaque individu à l’ensemble du vivant et à l’univers. Elle reflète la richesse de notre être à travers l’intelligence, la créativité, l’amour et la profondeur. Cette connexion exprime une part intime et universelle de la vie, un lien spirituel qui résonne en chacun comme une étincelle de l’infini.


Même si nous avons la certitude intime qu’il existe dans notre tête une dimension supérieure qui transcende notre petit moi, nous n’avons pas accès consciemment au Soi.

Le processus d’individuation est un mouvement naturel de mise en conscience du Soi qui a pour but de passer du soi inconscient au soi conscient.

Le Soi est le moteur, l’organisateur et, dans une certaine mesure, le but du processus d’individuation.


Quête de soi, quête du Soi


Le Soi est déjà totalement et pleinement présent en nous, mais nous ne le percevons pas, car il est à l’état inconscient. À la naissance, toute notre vie psychique se confond avec le soi.


Le Soi existe, tout en étant inconscient de lui-même. Au fil du temps, sous l’influence de notre éducation et de notre développement psychologique et relationnel, le Moi (notre personnalité) commence à se différentier du Soi : cette différentiation se déroule normalement au cours de la première moitié de notre vie. Elle nous permet de construire un fort sentiment de moi, de « je » conscient de lui-même ; elle permet d’installation d’une identité et d’une personnalité bien définie. Notre moi conscient rend possible une vie relationnelle, affective, professionnelle.


La première moitié de la vie pourrait donc se comprendre comme un mouvement du soi « intérieur » inconscient vers un moi « extérieur » conscient.


Le processus d’individuation correspond à un mouvement du moi conscient vers le Soi. Ce retour vers l’intérieur a pour objectif de rendre conscient le soi initialement inconscient. Cette prise de conscience du Soi est le but ultime du processus d’individuation. On devient un individu plein et complet quand on rencontre consciemment le Soi.

Le processus d’individuation est comme une vaste boucle qui traverse toute l’existence : le soi devient conscient, plein intègre, complet.


La transition du milieu de la vie marque un tournant important, où deux mouvements psychiques s’inversent, créant souvent un déséquilibre intérieur. Cette phase peut être instable, car elle fait émerger des aspects de nous-mêmes jusque-là inconscients, remettant en question notre identité. Ce processus mène à une restructuration intérieure et à une intégration de nouvelles dimensions de soi, visant à unifier notre psychisme.


Une enquête universelle :

Ce processus d’individuation a également été décrit par des psychanalystes comme Maslow, Roger, Erickson et des philosophes comme Socrate, Aristote, Schopenhauer, Spinoza.


Les grandes sagas de notre temps pointent également ce puissant mouvement de quête de l’essentiel à l’intérieur de soi (Star Wars avec la Force et son côté obscur par exemple).


Il y a une universalité à ce processus qui répond à notre quête de transcendance personnelle.


Répondre à l’appel de soi :

Le mal-être que nous pouvons ressentir au milieu de notre vie signe le fait que nous sommes en relation directe avec une partie extrêmement saine de nous-mêmes. Ce trouble intérieur est l’expression de cette nostalgie de nous-mêmes où nous languissions de nous retrouver.


L'intégrité


L’enjeu du processus d’individuation est de nous faire accéder à une plus grande intégrité (signifie devenir entier ou réunir en tout).

Le mouvement qui s’initie en nous lors de la transition du milieu de la vie est une invitation à prendre en compte toutes les dimensions de notre être.


Voyons notre vie comme une entité : un diamant, avec plusieurs facettes : notre corps, notre vie de couple, etc. Si une facette de notre diamant est obscurcie ou abimée, c’est-à-dire si un aspect de notre vie est négligé, cela peut avoir des conséquences sur l’ensemble du diamant, notre vie.


C'est donc ce que je vous propose de découvrir au cours de cette année, soit sous forme d'accompagnement, de retraite (au Maroc bien sûr), ou de lecture, par le biais de ce blog.


Alors, à tout bientôt pour la suite qui se déclinera de la manière suivante:

-Le corps et ses messages

-Le couple et l'amour

-La vie professionnelle

-Les relations avec les enfants et les parents

-Une transition entre résistances et envie de nouveau

-Quête de soi, quête de sens.


A tout bientôt.


Source: "Maintenant ou Jamais " de Christophe Fauré



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