Je reçois de plus en plus d'enfants au cabinet, qui n'ont pas ou peu d'activités physiques et sportives dans leur quotidien.
Ce qui me parait particulièrement alarmant.
En parcourant les articles proposés sur mon fil d'actualité, je suis tombée sur un article édifiant: une interview du Dr Sophie Cha, médecin-conseiller à la délégation "jeunesse et sport", en France.
Elle vient de démissionner pour alerter et se faire entendre quant à la sédentarité des jeunes et ses risques.
QU'EN EST-IL EN SUISSE?
45% DES HELVÈTES FONT MOINS DE SPORT DEPUIS LE DÉBUT DE LA PANDÉMIE...* alors que la Suisse pourrait perdre sa 3ème place de championne d'Europe de l'activité physique.
Ainsi les Suisses disent se sentir moins en forme:
physiquement (les + impactés étant les 30-44 ans).
Les causes évoquées sont:
-la fermeture des installations sportives, fitness...
-le manque de motivation
-la baisse des interactions sociales
-le télétravail
mais aussi psychiquement:
40% des 18-25 ans et 38% des femmes interrogées prétendent que leur Santé Mentale s'est détériorée.
De plus, 8% des décès dans le monde sont liés au manque de sport ou à la sédentarité** (en CH, cela représente 2%).
Selon l'OMS, le temps recommandé pour l'activité sportive par semaine est:
-1h / 24h d'activité modérée pour les enfants et adolescents.
-2h30 d'activité d'endurance d'intensité modérée et1h15 d'intensité soutenue pour les 18 - 64 ans.
-2h30 d'activité d'endurance modérée et 1h30 d'activité de forte intensité pour les seniors.
Au delà de tous les bienfaits somatiques que chacun connait (prévention des crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux et diabète), rappelons que le sport a un impact positif sur le sommeil, l'humeur et l’anxiété.
Ainsi l'été nous incite à investir les activités en extérieur!
Peut-être connaissez-vous mon élan pour la santé globale...
"MENS SANA IN COPORE SANO", soit "un esprit sain dans un corps sain!"
Y aura-t-il un effet post-JO, quant à la reprise éventuelle d'une activité sportive?
QUEL EST LE CONSTAT CHEZ LES JEUNES?
Les risques de l'inactivité
Lorsque l'on est enfant, l’inactivité peut devenir une habitude, un mode de vie dont il est difficile de se séparer à l’âge adulte.
Ainsi, il est nécessaire de distinguer 2 type de comportement lorsque l'on parle d’inactivité:
L’inactivité physique, qui correspond à un manque voire une absence de pratique physique et sportive.
Les comportements sédentaires, qui correspondent aux “activités de canapé”.
“2 jeunes sur 3 présentent un risque préoccupant caractérisé par le dépassement simultané des deux seuils sanitaires : plus de 2 heures de temps d’écran et moins de 60 minutes d’activité physique par jour. Ce pourcentage est supérieur chez les filles que chez les garçons”.
Tel mère, telle fille ? Tel père, tel fils?
Dire aux enfants de prendre l’air, de courir, de bouger, c’est bien. Encore faut-il montrer l’exemple!
Et c’est là que le bât blesse : comme dit précédemment, un tiers des adultes manquent d’activité physique et observent des comportements sédentaires trop fréquents.
Et dans cet article, j'ai trouvé quelques perles, comme cet extrait ci-dessous...
Rassurez-moi, j'espère que vous comme moi, êtes choqué par ce message transmis par une mère d'élève au prof de sport de sa fille...
L'Homme, un animal en mouvement...
Après des milliers d’années d’évolution où l’homme chassait, cultivait, se déplaçait, les nouveaux modes de vie sédentaire sont une rupture majeure dans notre évolution.
Le développement de ces pathologies cardio-vasculaires, qui touchent de plus en plus de personnes dans les sociétés industrialisées, et de plus en plus jeunes, est un vrai cri d’alerte.
“Si on ne fait pas bouger davantage nos enfants, nous préparons la première génération qui pourrait avoir une espérance de vie plus courte que celle de ses parents” sont les mots de François Carré, cardiologue.
SPORT ET SANTÉ MENTALE...
L'exemple de la marche
Selon les chercheurs écossais de l’Université de Stirling (article publié dans Mental Health and Physical Activity), "le simple fait de marcher pourrait jouer un rôle dans la lutte pour la dépression" .
En effet, la dépression touche environ:
-1 adulte / 15 / an
-1 personne / 6 au moins 1 fois dans sa vie.
Ainsi, la pratique d'une activité physique douce mais régulière:
-serait 1 facteur protecteur dans la prévention de la réapparition des symptômes
-diminuerait la symptomatologie des formes légères à modérées
-stimulerait la neuroplasticité et la connectivité neuronale
-permettrait d'expérimenter de nouveaux stimuli
-diminuerait les ruminations mentales grâce à la reconnexion à la nature
-stimulerait le production d'endorphine
-stimulerait notre créativité...
De plus, la marche est accessible à tous et peu couteuse.
L'exemple des animaux
Ce que je donne souvent comme exemple aux enfants dans ma consultation, c'est l'exemple des animaux, car au fond, nous ne sommes que des animaux sociaux, dotés du langage.
Ainsi, lorsqu'un chien ou une gazelle vivent un grand stress, ils se "secouent", ils s'ébrouent. Mais, nous, si nous ne nous secouons pas, qu'advient-il de nos tensions internes?
D’où la nécessité, pour les plus jeunes d'entre nous, de courir dehors, de faire du vélo, de construire des cabanes... bref, d'être dans le mouvement, pour une meilleure auto-régulation, émotionnelle entre autre!
LA FAUTE AUX ÉCRANS?
Je ne peux que me désoler du nombre d'adolescents, versus jeunes adultes qui consultent pour une problématique d'anxiété ou d'humeur abaissée, avec en trame de fond, une consommation excessive d'écrans.
Ce qui a des conséquences dramatiques, tant au niveau social, qu'au niveau psychologique.
-Social: isolement, repli sur soi, risque de désocialisation
Certains jeunes n'ont pas su développer des habilités sociales, ce qui fait que la rencontre avec l'Autre est une source de stress massif car ils n'ont pas les codes.
L'autre jour, un jeune me disait côtoyer "des amis" depuis 3 ans sur Discord. Amis qu'il n'avait jamais vus!
-Psychiques: stress, les troubles de l’humeur et l’hyperactivité, ce qui peut induire: difficulté à faire la part entre le réel et le virtuel, risque de développer, compromission des études...
A noter qu'un éloignement des écrans peut générer chez l’individu hyperconnecté de la tristesse, un sentiment de vide, de l’anxiété, voire un mal être pouvant déboucher sur un comportement agressif.
Et chez les plus jeunes?
Le cerveau du bébé ou du jeune enfant étant en construction, il n’a pas les mêmes capacités que nous, adulte.
La télévision, les smartphones, ordinateurs ou autres tablettes envoient énormément d’informations au cerveau de l’enfant que celui-ci n’est pas encore en capacité de traiter. La lumière bleue des écrans et la fréquence des images diffusées vont avoir un effet très excitant sur l’enfant et provoquer :
Difficulté à s’endormir
Décharge motrice et émotionnelle au moment de l’extinction de l’écran.
Une utilisation excessive des écrans peut également :
Gêner les apprentissages
Avoir un impact sur les relations sociales car les écrans ne développent pas l’intelligence émotionnelle et sont bien souvent une activité solitaire.
LA FAUTE A L'EPOQUE?
Pour un développement sain
En se dépensant, l'enfant devient plus calme, dort mieux, a meilleur appétit.
Par le jeu et le mouvement, il prend confiance en lui, exprime ses émotions et construit ses relations.
Comme les études scientifiques le confirment, en bougeant, les enfants deviennent plus habiles et ont ainsi moins de risques de se blesser. Ainsi, une activité physique régulière est bonne pour leurs os, leur cœur et leur poids. Le mouvement facilite aussi les apprentissages (ex. langage).
Les enfants ont besoin de bouger
Les enfants tiennent rarement en place longtemps et donnent l’impression de bouger suffisamment.
La diminution de leur condition physique est principalement due à la vie moderne : un quotidien chargé, des transports motorisés, beaucoup d’activités assises, des écrans
très présents (TV, téléphones, etc.), et des lieux de vie avec certaines contraintes (parcs éloignés, routes dangereuses, voisins sensibles au bruit, etc.).
Pourtant le mouvement est naturel chez l’enfant.
Et même les activités ordinaires lui font beaucoup de bien.
BOUGEZ, BOUGEZ, BOUGEZ...
Dans le secret de la chambre de mon ado
Ces dernières années, les normes et systèmes de valeurs se sont complètement métamorphosés. Pour la génération X, l'enjeu était de sortir. Pour la génération Z, les rencontres se font derrière la porte de la chambre. Notre teenager n’est donc plus seul, mais avec ses proches, parfois des inconnus.
Pourtant, les ados d’aujourd’hui sont moins susceptibles d’adopter un comportement à risque que ceux des générations précédentes. Ils parviennent plus tard à certains marqueurs de l’âge adulte, comme la consommation d’alcool ou les rapports sexuels.
Selon une étude (2022), 77 % des jeunes Anglais passent la plus grande partie de leur temps libre chez eux, et 51 % dans leur chambre.
Ainsi, tantôt refuge tantôt sanctuaire, la chambre de l'adolescent est un espace souvent mystérieux.
👉 Lieu de tous les secrets, de l'intime, dont l'adulte est exclu.
Jeunes parents, ils intimaient à leur bambin le célèbre "va dans ta chambre", parents plus matures, ils supplient: "sort de ta chambre"!!!
☝ Espace de flemme adolescente, d'indolence, de pesanteur corporelle,
Ce cocon de la flemme permet de ne rien communiquer de soi, il établit les limites entre le dedans et le dehors, entre parents et enfant.
👆 Univers odoriférant, dans lequel cohabite le propre et le sale, apte à éloigner l'intrusion parentale. Émanation de plaisirs solitaires ou partagé, plaisirs botaniques ou charnels.
Notre ado se donne le droit de fermer la porte, le droit au secret, alors que le parent se réclame un droit de regard.
👇 Lieu de construction d’un territoire intime et secret, d'exploration de la pulsionalité, des sensations corporelles… où les garçons dissimuleront capotes et matériels pornographique alors que les filles cacheront des pièces de lingerie.
✌ L'antre du spleen, parfois jusqu’à la retraite dangereuse, l'écrasement, la massification de l'existence, lorsque notre jeune se fait harcelé sur les réseaux.
🤞 Abime lorsque la chambre est le terrain d'expression d'une violence mortifère auto-infligé, d'une défonce permettant d’anesthésier une souffrance trop lourde à porter et parfois impossible à partager.
🤘 En convoquant le monde dans sa chambre via internet, il ne craint pas de s'exposer sur les réseaux, de s'afficher, de partager ce qu'il mange, ce qu'il fait...
🖖Par ailleurs, à tant se contacter par l'interface des écrans, certains jeunes craignent la corporalité, la rencontre avec le corps de l'autre...
Ces milléniales nous questionnent également sur le couple?
Être en couple, est-ce un statut sur Instagram?
Et qu'en est-il du genre, de la transidentité,de la non-binarité?
Mais tout ceci est un autre débat, que j'aurais peut-être l'occasion d'évoquer lors d'un prochain post...
Alors, montrez donc l'exemple à votre enfant, remettez vous en mouvement... ensemble!
La chambre de l’ado devient alors un prétexte dans les consultations de famille, enjeu d'individuation ou de séparation. Il est parfois plus facile de parler de piaule que de lien...
Prise de note de la conférence de Vincent Estellon "Ma chambre à moi : intériorités et compulsions adolescentes"
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