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ÊTRE LIBRE...


DURRBODEN – DAVOS DORF

13km – 6 m de dénivelé positif – 453 m de dénivelé négatif


Le 12.06.2021


Je peine à me sortir du lit. Mes côtes droites me font terriblement souffrir dès que je me mobilisent, à la suite de ma chute d’hier. Je boite… tendinite au talon d’Achille à gauche.


Je me rends au restaurant pour le petit déjeuner. Michel et un monsieur d’âge mûr tout à fait charmant, sont aux petits soins. Malgré le fait que nous sommes dans un refuge de montagne, tout est si soigné… Bref, rien n’est laissé au hasard.



Je rassemble mes affaires, charge mon balluchon et entame la descente, boitillant sur mon pied gauche, me soutenant tant bien que mal grâce à mon bâton résiduel. La descente est évaluée à 3h. J’en mets 5. Je vois toutes les Maminettes me doubler.



Je prends conscience que je ne pourrais pas aller plus loin. Je dois accepter de renoncer. Car même si ma tête veut aller de l’avant, mon corps ne suivra pas… Je n’ai pas pris soin de mon véhicule par insouciance. Le cocher restera donc au garage ! Reste à savoir si je rentre ou si je poursuis le parcours en train !



Arrivée à Davos, j’avale une soupe providentielle, prends le bus, fais une nouvelle escale à la pharmacie pour acheter du Voltaren (à noter que le budget pharmacie commence à devenir passablement conséquent !), débarque à la gare et claudique jusqu’à Haus Stauffer (nom d'emprunt).



Je suis réceptionnée par le fils Stauffer, le père ayant dû s’absenter. Il sera mon gargotier pour ce soir. Il travaille le bois devant la maison mais il prend le temps de m’offrir un verre d’eau et me narre l’histoire de cette famille.



La famille Stauffer est l’une des plus grandes familles de Suisse. Toutes les maisons alentours appartiennent à la famille. Le père de Henri et le grand-père ont reçu de nombreuses médailles lors de concours de tir. Effectivement, 3 murs entiers sont tapissés de distinctions colorées. Le fils m’avoue qu’il y a une armurerie dans le sous-sol et que nous n’avons rien à craindre en cas d’assaut. Il me dit qu’il se souvient encore de la première fois où il a tenu une arme dans ses mains. Il avait 5 ans. Son corps frêle avait alors été projeté en arrière par le souffle de la carabine…



Ils sont 7 enfants et la mère est décédée il y a 2 ans d’un cancer.

Henri me dit que son rêve a été brisé par ses parents. En effet, il avait le potentiel pour intégrer l’équipe nationale de hockey mais son père l’a envoyé faire le service militaire, ce qui a détruit sa carrière. Aujourd’hui, il fini tout juste son monitorat de ski. Ainsi, il pourra emmener des touristes en sortie hors-piste. Son rêve… « skier sa vie », sous-entendue, une vie de plaisir, de liberté… « car après tout on a qu’une vie ».



Je lui raconte, mon aventure d’hier. Il me parle alors du Swiss Alpin Marathon qui a lieu fin juillet de chaque année. Le parcours passe notamment par le col de Scaletta. Il me dit être très impressionné par ce que j’ai accompli. J’essaie de me justifier quand aux risques pris… « Ce qui compte, c’est que tu l’ai fait et que tu sois là. C’est une sortie que je propose parfois à mes clients… mais à ski, à cette saison ! »


De la liberté...



Nous échangeons alors sur le sens de la liberté et de ses limites… Serait-ce n’avoir aucune contrainte ? Aller et venir sans entrave ? Donner libre cours à ses penchants ? Faire ce que permet la loi ? Se déterminer soi-même ?


L’homme libre n’est pas celui qui se laisse guider passivement par ses désirs. Non, il agit grâce à sa volonté (capacité de choisir). Il se détermine lui-même (libre-arbitre), en faisant appel à la raison et à la connaissance, sans subir une contrainte ou une influence extérieure.

La liberté est acquise et non donnée. Elle implique la capacité de se libérer… de nos conditionnements, éducation, environnement…

Ainsi, être libre c’est savoir se déterminer soi-même en toute connaissance de cause, savoir se libérer.


Pour donner suite à ses digressions qui m’ont mises en appétit, je savoure un pot-au-feu au restaurant Montana Stube.

Je suis si lasse ce soir… mais avant tout reconnaissante !

Je sais que quelque part un ange veille sur moi…


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